Révélations sur le CSTC

Des espions cloîtrés dans les ambassades canadiennes

Des espions fédéraux travaillent clandestinement à l’intérieur des murs des ambassades et des consulats canadiens dans le monde, à l’insu du personnel diplomatique en poste et du pays hôte, selon le magazine allemand Der Spiegel.

Un document de l’Agence de sécurité nationale américaine (NSA) qu’a obtenu et diffusé le magazine indique que le programme de surveillance électronique des communications baptisé STATEROOM serait toujours actif.

« Ces sites sont de petite taille et comptent peu de membres du personnel. Ils sont secrets, et leur véritable mission n’est pas connue de la majorité du personnel diplomatique qui travaille sur les lieux », peut-on lire dans le document de la NSA, qui note que la pratique est adoptée par les États-Unis, le Canada, le Royaume-Uni et l’Australie.

Plus loin, on lit que ces espions travaillent dans des lieux bien cachés dans les ambassades et les consulats, notamment dans « des faux détails architecturaux ou des cabanons de service placés sur les toits ».

Bill Robinson, auteur du blogue canadien Lux Ex Umbra, spécialisé dans le renseignement, qui a été le premier à relever l’information dans les documents de Der Spiegel, note qu’il n’est pas surprenant que ces opérations se déroulent à l’insu du personnel diplomatique.

« C’est dans la nature de leurs fonctions de travailler dans une pièce verrouillée, à l’abri des regards, dit-il en entrevue avec La Presse. Peut-être que les employés des ambassades savent que des gens travaillent dans un coin isolé, sans plus. »

C’est le Centre de la sécurité des télécommunications Canada (CSTC) qui chapeaute le volet canadien de cette opération, note le document. Contacté hier, le CSTC a refusé de faire des commentaires.

Cette révélation s’ajoute à la série de primeurs sur le travail du CSTC mises au jour dans les documents remis à la presse par le délateur américain Edward Snowden, qui montrent l’étendue des liens entre les différents services de renseignement anglo-saxons, et leur implantation dans le monde.

Est-ce dire que le Canada doit s’attendre à être victime de telles pratiques dans les ambassades qui se trouvent à Ottawa ? « Disons que chaque fois que vous utilisez votre téléphone cellulaire à Ottawa, vous devriez faire attention à ce que vous dites », dit M. Robinson en riant.

« Cela dit, bien des pays n’ont pas les moyens de mener de telles opérations. D’autres ne le font pas, pour des raisons éthiques. C’est être de mauvaise foi que de dire : “Tout le monde le fait, alors c’est normal que nous le fassions aussi”. »

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